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Hommage à René Robert

Mis en ligne le 24/01/22 | #
 

Nous avons appris avec grande tristesse la disparition à Paris, dans des conditions dramatiques, de René Robert. Ce photographe immense avait su capter l'essence du flamenco à travers des milliers de photos, toujours en N&B. À la fois modeste et très rigoureux – j'avais dû prendre la décision rarissime de stopper l'impression de son second ouvrage chez nous, La rage & la grâce, car il jugeait, à juste titre, que la photogravure n'était pas de bonne qualité – c'était un personnage attachant que j'avais retrouvé par hasard il y une dizaine d'année dans une cave à vin – il était très amateur de bons vins – de Palaiseau en banlieue sud de Paris. Hasta luego, René.
                                                          Patrice Aoust
 
Nous reproduisons ici un texte paru dans Flamenco.web.fr
« Les artistes flamencos me fascinent parce qu’ils vivent "flamencos" dans la vie et sur scène avec une intensité, une vérité, une rage étonnantes. Je pense que le succès actuel et universel de leur art tient à ce qu’ils expriment l’ensemble des réactions humaines face au destin : acceptation douloureuse ou joyeuse, autodestruction, violence ou sérénité. En effet, on ne chante pas flamenco distraitement en exhibant son nombril : on crie sa joie ou ses peines.
Le public est emporté, séduit, voire effrayé par cette quasi indécence, cette vitalité et, parfois, cet état de grâce du chant, de la guitare ou de la danse. La musique et les rythmes complexes emmènent le spectateur dans un monde particulier, mi-oriental, où les forces de vie s’exaspèrent.
Il m’est apparu alors que seul le noir et blanc avec ses contrastes pouvait rendre ce climat et que les effets photographiques devaient s’effacer devant l’intensité de ces instants magiques. J’ai tenté de les fixer avec affection et sincérité, mais aussi avec l’humilité de celui qui montre le chant et la guitare avec des images muettes, la danse avec des mouvements figés.
Art vivant s’il en est, le flamenco supporte mal d’être mis en boîte. De transmission orale jusqu’à récemment, il faisait dire aux gitans : "Ce qui est écrit est mort..." Il évolue naturellement à chaque génération, puisant sa force dans ses racines andalouses, gitanes, profondes, et sa grandeur ne doit rien à des ajouts de modes éphémères.
Je rends donc hommage à ces artistes, qui sont adulés ou brocardés, quelquefois, hélas, encore méprisés.
Moi, j’aime les flamencos...
René Robert
»


                    Photographie de Paco de Lucia à Bobigny en 1987 prise par
               René Robert parue dans son premier titre chez nous,
Flamencos.


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